Lucio Dalla

Petit, barbu, portant béret, bonnet ou chapeau, nanti de lunettes rondes d'intellectuel, le Bolonais Lucio Dalla est l'une des figures de proue de l'Italie chantante et poétique. Bon clarinettiste, admirateur de Pound et de Prévert, Dalla est doté d'une voix très spéciale, chaude, rocailleuse et pointue à la fois, une voix de blues.

En 1966, il enregistre son premier 33 tours, 1999, où il est fortement question de LSD. La grande vague de protestation de l'Italie de 1968 n'inspire pas Dalla l'individualiste, qui prône son « pacifisme apocalyptique ». Terra di Gaibola, son troisième album, se fixe dans l'observation des collines de Bologne. En 1972, il se lie avec Roberto Roversi, poète, journaliste, admiré de la gauche italienne. Les chansons qu'ils écrivent ensemble traitent de la vie des travailleurs du Sud émigrés à Milan. Il en sortira trois albums d'une grande qualité (dont les douze meilleurs titres ont été regroupés dans Il Motore del 2000). À partir de 1977, Lucio Dalla décide d'écrire lui-même ses textes, et arrive en tête des hit-parades avec Come è profondo il mare.

Contestataire et éclectique. Les années 80 sont celles des concerts géants, du ralliement populaire à un chanteur mariant l'intellectualisme à la rythmique binaire. Dalla passe du rock pur (les albums Dalla, Q-Disc, 1983) au jazz (à la clarinette, puis avec Gianni Morandi). En 1986, la chanson Caruso devient un succès mondial, vend six millions de copies dans le monde, est reprise par Mercedes Sosa... Après l'énorme succès commercial de l'album Cambio en 1990, qui constatait les effets de la chute du communisme, Lucio Dalla dresse dans Henna un portrait sans concession de l'Europe en guerre, de l'Italie de Berlusconi, sur un fond musical extrêmement varié (ordinateurs, jazz, rock, blues, chanson à l'italienne).

V. M.

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