Madonna

Comme ses cinq frères et ses deux s?urs, Louise Madonna Ciccone, la « sexy star » des années 80, reçoit une éducation catholique. Elle a sept ans lorsque sa mère meurt. Son père, un ouvrier italien parlant à peine l'anglais, se remarie. Louise, qui ne s'entend pas avec sa belle-mère, est envoyée dans un pensionnat religieux. Son diplôme en poche, elle obtient une bourse pour apprendre la danse à l'université Ann Arbor du Michigan. Elle y rencontre le batteur Steve Bray, lequel la familiarise avec le monde de la musique et avec qui elle écrit ses premières chansons. En 1978, elle s'envole pour New York. Au cours d'une audition, elle se fait remarquer par deux producteurs, qui l'engagent pour accompagner en France le chanteur disco Patrick Hernandez (responsable du tube mondial « Born To Be Alive »).

La « Rastignac » des night-clubs

De retour à New York avec Dan Gilroy, rencontré à Paris, elle forme le Breakfast Club, où elle chante et joue de la batterie. Pour gagner un peu d'argent, elle fait le modèle dans des écoles de dessin et tourne dans un film à caractère pornographique (A Certain Sacrifice). Puis elle décide de monter un autre groupe, « Emmy », avec Steve Bray, qui l'a rejointe à New York. Ensemble, ils enregistrent la maquette de « Everybody ». Pendant l'hiver 1981-1982, Madonna fréquente la Danceteria, boîte de nuit new-yorkaise à la mode, et particulièrement son disc-jockey, Mark Kamins. La future Madonna arrive à le convaincre de passer la maquette d'« Everybody » au club : la réaction des danseurs est telle que Kamins la traîne en studio, pour graver sur bande une nouvelle version du titre.
Par l'intermédiaire du D.J., la bande parvient à Seymour Stein, qui, séduit, la signe sur Sire Records (la maison de disques qui lança les Ramones, Talking Heads et les Pretenders). Alors que son premier album est en préparation, Madonna rencontre un autre disc-jockey new-yorkais, Jellybean Benitez, spécialiste des versions longues pour les clubs. Il remixe « Lucky Star » et « Borderline », et produit « Holiday », qui va devenir son premier vrai succès.

Le 33 tours initial, Madonna, sorti en 1983 et réédité sous le titre First Album, la fait entrer dans les hit-parades. Dès son premier clip, « Borderline », Madonna cultive une image sexy, moitié punk, moitié midinette, avec bas résilles et crucifix, qui réussit à faire scandale. Une carrière tonitruante commence, fondée sur la recherche permanente du « look ». Son deuxième album, « Like A Virgin » (1984), produit par Nile Rogers (ex-Chic), voit l'explosion au grand jour du phénomène - extra-musical s'il en est - Madonna. Il se vend à 9 millions d'exemplaires. Les provocations de la belle partagent l'opinion, ses changements de look et d'amants occupent les magazines, son style divise la critique : la demoiselle fait parler d'elle. Les simples « Like A Virgin » et « Material Girl » se vendent à 8 millions d'exemplaires chacun. Tout comme « Into The Groove » qui devient le générique du film « Recherche Susan Désespérément » de Susan Seidelman (1985), dans lequel sa prestation d'actrice est très bien accueillie.

« Sexy-Machine »

Désormais, la chanteuse « à la bretelle de soutien-gorge qui dépasse » est une star. Son troisième album, « True Blue », en 1986, vient confirmer ce statut hors du commun. Si son allure a changé - elle est plus musclée, amincie, a les cheveux coupés et décolorés -, sa détermination reste d'acier. Scandaleuse avec « Papa Don't Preach » ou tous publics avec la « Isla bonita », les différentes facettes de son personnage séduisent les foules du monde entier.

Sa liaison puis son mariage avec l'acteur Sean Penn (16 août 1985) font scandale. Ils divorcent en 1989, après avoir tourné ensemble dans Shangaï Surprise, coproduit par l'ex-Beatle George Harrison. Madonna enchaîne avec une comédie sans prétention, « Who's That Girl » (1987), nouveau succès cinématographique et discographique (il existe un album du même nom). Le Who's That Girl Tour la mène aux quatre coins de la planète.
En 1989, alors qu'on la croit assagie, le clip de « Like A Prayer », tourné dans une église, fait scandale. L'album bat cependant tous les records et l'entraîne dans le Blond Ambition Tour (1990), débauche de lumières et de chorégraphies, que vient illustrer le film d'Alex Keshishian, « In Bed With Madonna » (1991).

Justify My Love (1990), signé Lenny Kravitz, est une collaboration des plus opportunistes, dont le clip, à caractère érotique, est censuré sur MTV. En 1990, Madonna joue dans « Dick Tracy » aux côtés de son amant d'Hollywood Warren Beaty et publie le plus conventionnel « I'm Breathless ». En 1992, elle incarne dans le film « Body », censuré aux États-Unis, une meurtrière sadomasochiste. Puis elle apparaît dans un livre de photos luxueux et bien nommé, Sex, et enregistre un nouvel album, Erotica (où elle reprend le fameux « Fever »). En 1996, on la trouve - ce qui ne plaît pas à tous les Argentins - dans le rôle d'Eva Perón, pour le film d'Alan Parker consacré à la diva du petit peuple de Buenos Aires.

Réputée pour être une professionnelle très exigeante, voire tyrannique avec ceux qu'elle utilise, Madonna, la croqueuse d'hommes, est un des phénomènes musicaux les plus importants des années 80 et 90. Véritable machine à danser, sa musique toujours marquée par la soul noire et par la disco, sait épouser les diverses tendances de la mode. Et user de rythmes dance, house et techno, sans modération, mais avec précision et, souvent, brio.

En 1996, Madonna devient maman, en mettant au monde la petite Lourdes. En 1998, la chanteuse sort son meilleur album à ce jour, Ray of Light, produit par William Orbit. Elle s'approprie une image gothique, fabuleusement mise en valeur par Chris Cunnigham (réalisateur des vidéos d'Aphex Twin et de Squarepusher) dans le clip « Frozen ». Pour la première fois de sa carrière, l'ensemble de la communauté intellectuello-arty loue la diva. Pour l'album suivant (Music, 2000), Madonna adopte un look « (dis)cow-boy » et s'adjoint les services du Français Mirwais, ancien guitariste de Taxi Girl, devenu chantre d'une électro-pop en marge de la French Touch.

Le tournant des années 2000 s'avère plus difficile à affronter pour la star qui subit quelques accidents de parcours que la renommée n'épargne pas : un divorce très médiatisé, une affaire d'enfant adopté/acheté au Malawi, des accusations de playback scénique et surtout la concurrence très rude avec les nouvelles venues Britney Spears et Lady Gaga n'arrangent pas les affaires de la Madone des dancefloors. Son statut est quelque peu terni avec les albums Confessions on a Dancefloor (2005) et Hard Candy (2008), entrecoupés de disques live et de la compilation Celebration (2009) pour amortir le choc. Le Sticky & Sweet Tour de 2009 donne lieu à un album censé la réconcilier avec le grand public. La reine du rebondissement a-t-elle les ressources nécessaires à un nouvel élan musical et médiatique ?

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