Pascal Obispo

Né à Bergerac (Dordogne), le 8 janvier 1965, le futur incontournable professionnel du show-biz français se destine tout d’abord à une carrière sportive : fils de Max Obispo, footballeur des Girondins de Bordeaux, il est attiré par le basket et rêve de carrière professionnelle. Mais, suite au divorce de ses parents, Pascal Obispo suit sa mère à Rennes, où son destin va basculer. La capitale du duché de Bretagne, particulièrement active sur le plan culturel, mais surtout foyer du festival des Transmusicales (né en 1979, un an après l’installation du jeune homme), est en effet un vivier de la musique française, d’où viennent des artistes-phares des années 1980 comme Etienne Daho ou Niagara.

Senso

Pascal Obispo baigne en pleine vague new wave et pop, ce qui le décide progressivement, alors qu’il suit mollement sa scolarité, à tenter de son côté une carrière musicale. A 18 ans, avec quelques amis, il fonde un groupe, Words Of Goethe, avant de partir sous les drapeaux. Démobilisé, il fonde en 1988 le groupe Senso, avec le déjà chevronné Franck Darcel (ex-leader du fameux groupe Marquis de Sade). Senso sort un 45-tours « L’Océan (ne sera pas la fin) », mais ne décolle pas vraiment, et s’enlise dans une certaine indécision. Pascal Obispo fait rapidement cavalier seul et « monte » à Paris, où il travaille un temps, pour gagner sa vie, comme vendeur à la Fnac, expérience qui lui permet d’approfondir sa connaissance de la chanson française.

En 1990, il sort le très confidentiel Le Long du Fleuve, co-écrit notamment avec deux anciens membres de Marquis de Sade (Franck Darcel et Frédéric Renaud), ce qui explique le son très new wave de ce premier album (« Je voudrais être dangereux » ou le single « Les avions se souviennent », par exemple, sont fortement inspirés par The Cure). De fait, Pascal Obispo n’a pas encore trouvé son style, à l’image de son chant quelque peu maniéré, et le disque fait un flop. L’année suivante, il décroche enfin un début de timbale avec un contrat d’enregistrement chez Epic, filiale de Sony Music, et part enregistrer à Londres son deuxième album, Plus Que Tout Au Monde, qui paraît en 1992. Après un début un peu poussif, les ventes seront finalement excellentes, mais le registre romantique du chanteur n’est pas encore totalement assuré.

Moyennement satisfait de cet album, Pascal Obispo se remet au travail pour affiner sa voix et son répertoire ; il multiplie les passages sur scène à la fin 1993, et passe à Paris au Passage du Nord-Ouest. Les titres « La moitié de moi » et « Les mains qui se cherchent » commencent à remporter du succès et tirent peu à peu les ventes de l’album vers le haut, pour finalement obtenir une certification de double disque d’or.



« Lucie »



En octobre 1994, Obispo trouve enfin ses véritables marques avec son troisième album, Un Jour Comme Aujourd’hui,écrit dans la même veine sentimentale, mais mieux maîtrisé. Il teste l’efficacité de ses chansons en réalisant une tournée des classes de musique à travers la France, au début 1995. A l’automne 95, l’album est promu par une tournée à travers la France, qui culmine avec un concert à Paris à la Cigale. Parallèlement, le titre « Tombé pour elle » est un grand succès sur les ondes. Pascal Obispo commence également à prêter ses talents d’auteur-compositeur à d’autres artistes, comme Zazie, pour laquelle il compose la musique de la chanson « Zen ». Dans un registre plus médiatique, il écrit avec Lionel Florence le générique de la série de TF1 Sous le soleil. Il participe également, aux côtés notamment de Liane Foly, Stephan Eicher et Jane Birkin, à l’album Entre Sourire et Larmes, consacré à la lutte contre le SIDA.

Début 1996, Pascal Obispo parachève son entrée dans la cour des grands en faisant la première partie de Céline Dion sur treize dates de la tournée française de la diva québécoise, dont quatre concerts à Bercy. La sortie de son album Superflu, soutenu par la ballade au piano « Lucie », devient un tube et lui fait atteindre un succès commercial très enviable, avec 300 000 exemplaires vendus, et des concerts à guichets fermés à l’Olympia, suivis d’une date unique au Zénith, en mai 1997.

Signature

Cette même année, Obispo s’affirme comme un poids lourd parmi les auteurs-compositeurs de la chanson française, en collaborant avec son complice Lionel Florence sur l’album Savoir aimer de Florent Pagny, immense succès commercial. L’année suivante, c’est rien moins que Johnny Hallyday qui fait appel à ses services, pour les besoins de l’album Ce Que Je Sais. Obispo n’en oublie pas pour autant sa propre carrière de chanteur, et sort un album live de sa tournée de promotion de Superflu : le public le plébiscite et les ventes dépassent le million d’exemplaires. Seule ombre au tableau, son échec aux Victoires de la musique, où il n’est récompensé qu’indirectement. C’est en effet Florent Pagny qui est consacré interprète de l’année pour la chanson « Savoir aimer », dont Lionel Florence est l’auteur et Pascal Obispo le compositeur ; son immense succès lui vaut le prix Vincent Scotto (prix attribué annuellement par la SACEM à « la meilleure chanson populaire qui s’est révélée dans l’année »). C’est à la même époque que le chanteur commence à multiplier les excentricités vestimentaires, résolvant le problème de sa calvitie naissante en remplaçant sa chevelure mi-longue par un crâne fièrement rasé, pour poursuivre dans les années suivantes avec divers piercings, boucles d’oreilles, boas en plumes d’autruche et autres colifichets qui lui donneront parfois l’allure, en mineur, d’un Elton John français des années 2000. Obispo continue d’affirmer dans le même temps son engagement dans la lutte contre le SIDA, en composant avec Lionel Florence le titre « Sa raison d’être » (1998), qu’interprètent quarante-deux artistes de la chanson française, au profit de la recherche sur la maladie.

Fan

En 1999, Obispo se montre hyperactif aussi bien en tant que chanteur que comme compositeur : tout en préparant son nouvel album Soledad, qui sort en décembre, il compose celui de Patricia Kaas (Le Mot de Passe) et participe à celui de Florent Pagny (ReCréation), composé de reprises. Il s’illustre également dans la mode des comédies musicales, en composant le spectacle Les Dix Commandements, qui connaît sa première en octobre 2000 au Palais des Sports de Paris. Désormais totalement incontournable dans le paysage musical français, il contribue à l’invasion de l’Hexagone par les chanteurs québécois en composant pour Natasha St-Pier l’album De L’Amour Le Mieux (2002), grâce auquel la chanteuse s’impose sur le marché européen. Les singles d’Obispo chanteur débordent désormais d’un enthousiasme fébrile, par lequel l’artiste semble vouloir clamer son admiration pour le monde entier : « Fan », ode à sa propre histoire d’amateur de musique, et « Zinedine », où la star du football français se voit hissé à l’égal d’un demi-dieu. Deux titres qui sont repris dans le double album Fan (2004), constitué d’un disque studio et d’un disque « live », et comprenant plusieurs reprises (dont « Marilou » et « Le bal des Laze » de Michel Polnareff), mais aussi « Mourir demain », un duo pop-rock très réussi avec Natasha St-Pier.

Fleurs

Pascal Obispo ne se repose pas sur ses lauriers et sort au printemps 2006 Les Fleurs du Bien, où s’expriment à la fois sa veine pop sentimentale et son talent pour le rock mélodique. Après avoir joué le jeu de l’autodérision et de la parodie avec le Fatal Bazooka de Michaël Youn (leur duo, « Mauvaise foi nocturne »,parodiant celui de Diam’s et Vitaa, « Confessions nocturnes »), il repart ensuite pour une longue tournée à travers la France et sort à la fin 2007 Les Fleurs de Forest.

Parti de rien comme dans toute belle histoire à la Cendrillon, Pascal Obispo en est arrivé à réunir en sa personne toute une tendance de la crème du show-biz français. Parsemant de son style Pop-Rock émotif les plus grands tubes de la chanson française des années 2000, Obispo, showman accompli, a réalisé avec une étonnante maestria la mutation génétique d’artiste à la mode à pilier maousse de la création musicale : un exploit qui montre à ceux qui en douteraient encore que le personnage va bien au-delà des fantaisies de sa garde-robe.

Copyright 2010 Music Story Nikita Malliarakis

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