Georges Guetary

Georges Guétary est né Lambros Worlou, au sein d’une famille grecque de l'Empire ottoman, à Alexandrie, en Égypte, le 8 février 1915. Son oncle, le pianiste Tasso Janopoulo, a eu une influence déterminante dans sa vie. Venu en France pour suivre des études de commerce international, Lambros fait la connaissance du violoniste Jacques Thibaud, que son oncle accompagne sur scène. Quand Thibaud entend la voix du jeune homme, il l’encourage à se lancer dans une carrière artistique. Celui-ci change donc ses perspectives professionnelles pour étudier le chant, avec la cantatrice Ninon Vallin, le piano, et se lancer dans la comédie au Cours Simon. 

Mistinguett

 
C’est en 1937 que sa carrière démarre. Il est remarqué et engagé pour jouer un rôle dans la revue de Mistinguett au Casino de Paris. Mais lorsque la guerre éclate, il ne parvient pas à vivre de son art et trouve refuge dans un restaurant du sud ouest de la France. C’est à cette période qu’il tombe sous le charme d’un village de la côte Basque nommé… Guétary. 
Ces années noires sont en fait riches en rencontres pour le jeune homme, qui, après avoir décidé d’adopter le nom de scène de Georges Guétary, fait la connaissance du musicien Francis Lopez qui compose pour lui l’opérette Robin des Bois (1943) et bientôt des chansons, qui deviendront inséparables de films comme Le Cavalier Noir (1944) et Trente et Quarante (1945). Dans ces rôles principaux de chanteur-comédien, qui correspondent aux envies et besoins de divertissement de la population au sortir de la guerre, les films et les chansons de Georges Guétary sont de grands succès populaires (« A Honolulu», « Chique àChicito »). Il devient alors, grâce à sa voix sucrée et son art du « mezza voce », l’un des chanteurs d'opérette les plus populaires de France. 

Un Américain à Paris et vice versa

 
Très vite les britanniques et les américains s’emparent de ce beau ténor naturalisé français au début des années 50, à qui l’on donne immédiatement l’image du « chanteur de charme » de l’opérette. A Londres, il joue Bless the Bride (1947), à Broadway, il joue dans Arms and The Girl (1950), qui lui vaut d’être choisi par Gene Kelly pour jouer à ses côtés dans le film musical Un Américain à Paris, inspiré du poème symphonique de Gershwin. C’est la consécration. Honoré du titre de meilleur chanteur d’opérette à Broadway en 1950, c’est en haut de l’affiche qu’il revient chanter les œuvres que lui concocte son ami Francis Lopez. Pour Don Carlos (1950), est jouée 420 fois pendant un an au Théâtre du Châtelet à Paris, avant une tournée toute aussi triomphale en province.

L’âge d’or de l’opérette

En 1952, c’est la comédie La Route fleurie, l’histoire de quatre amis, Raphaël, artiste, Lorette, son modèle, Mimi, mannequin et Jean-Pierre, compositeur, qui partent en vacances sans un sou, qui fait les beaux jours de l’ABC avec dans les rôles titres Guétary, Bourvil et Annie Cordy. 
A cette époque, avec le succès de Luis Mariano et Georges Guétary, les comédies musicales françaises bénéficient d’un rayonnement international, qui peut souffler un vent de nouveauté sur le genre tout entier. C’est du moins le désir de Guétary, qui, à l’orée des années 1960, se lasse peu à peu de ses rôles. Il y parvient en 1961, dans La Polka des Lampions de Gérard Calvi (il se travesti en femme) et en 1965 dans Monsieur Carnaval, comédie musicale de Charles Aznavour (dans laquelle il campe un gentleman cambrioleur).

 
Père de famille


 
Dans les années 1970, il interprète des rôles de père, comme dans la picaresque opérette Les Aventures de Tom Jones de Jacques Debronckart (1974), qui peine pourtant à trouver son public. Côté chanson, sa carrière suit la même évolution. Après s’être imposé avec le genre « latin lover »  (« Bambino », « Ciao ciao, Bambina ») il se tourne, l'âge venant, vers le registre familial (« Papa aime maman »). 
Dans les années 1980, il se produit à Paris mais aussi davantage en province, où ses tours de chant restent très populaires, puis dans de nouvelles opérettes créées par Lopez, son complice de toujours. On le voit dans de nombreuses émissions de télévision. Ses chansons et ses films lui assurent une renommé plus que convenable en dehors de la France. Mais il reste quelque peu prisonnier d’un genre aujourd’hui trop désuet. Il publie son autobiographie en 1981 Les Hasards Fabuleux et apparait une dernière fois, en 1995, dans un court métrage réalisée par Hélène Guétary, la fille qu’il a eu avec la productrice de télévision Janine Guyon. Il meurt le 13 septembre 1997 d’une crise cardiaque à Mougins.

Copyright 2010 Music Story