Bob Dylan

Bob Dylan, de son vrai nom Robert Allen Zimmerman, est né le 24 mai 1941 à Duluth (Minnesota). Adolescent, il trompe son ennui par l'initiation au piano et à l'harmonica, et dans la découverte des chanteurs de blues et de country, notamment Hank Williams. Il devient fan d'Elvis Presley et joue dans les Jokers, puis les Golden Chords, et s'approprie le nom de Bob Dylan.

1961 - 1966 : l'ascension et l'apogée

Au début de l'année 1961, il part pour New York où il rencontre son modèle Woody Guthrie dans un lit d'hôpital, et s'installe dans le quartier des poètes, à Greenwich Village. Il se produit seul avec sa guitare et son harmonica dans les cafés Gaslight ou Gerde's Folk, où sa voix nasale captive l'auditoire, et lie connaissance avec les artistes folk Pete Seeger et Dave Van Ronk. A l'automne, une chronique de concert élogieuse parue dans le New York Times lui vaut la considération du dénicheur de talents John Hammond qui engage le chanteur pour le label Columbia. Le premier album homonyme reprend quelques classiques du blues et du folk.

Au contact de son amie Suze Rotolo, Bob Dylan s'ouvre aux sujets politiques et fait évoluer son répertoire vers des chansons engagées (des protest songs), sensibles sur le deuxième album The Freewheelin' Bob Dylan (1963), qui contient notamment l'hymne « Blowin' in the Wind », son premier classique. Dylan devient un porte-parole de la nouvelle génération qui grandit sur les campus universaitaires en écoutant ses chansons. Le 28/8/1963, Dylan participe à la Marche pour l'égalité des droits civiques, mais ce statut de représentant lui pèse malgré les chansons de l'album The Times They Are A-Changin' (1964).

La mue est encore plus prononcée sur Another Side of Bob Dylan (« It Ain't Me Babe », « All I Really Want to Do » et « Chimes of Freedom »). Le traitement électrique de se chansons par The Byrds (« Mr. Tambourine Man ») le séduit. En 1965, Dylan franchit le pas vers le folk-rock sur l'album Bringing it All Back Home, composé d'une face électrique et d'une autre acoustique. Désavoué par les puristes, et sa compagne Joan Baez, il se produit avec une formation électrique au festival de Newport.

Dans la foulée, Bob Dylan sort Highway 61 Revisited (août 1965), premier album entièrement rock, dont le single «Like a Rolling Stone» constitue un aboutissement. Le chanteur est au centre d'une polémique de la part des critiques musicaux, et ses textes sybillins sont décortiqués. Il devient un symbole de la contre-culture naissante. Une première tournée anglaise est documentée par le film de D.A. Pennebaker, Dont Look Back, tandis que son retour en mai 1966 avec ses musiciens (le groupe The Band), fait office de « bataille d'Hernani du rock ».

Entre temps, il entame l'enregistrement de Blonde on Blonde, premier double album de l'histoire du rock qui cumule les chefs-d'oeuvre : « I Want You », « Just Like a Woman » et « Absolutely Sweet Mary ». La poésie de Dylan mêlée aux sonorités rageuses de ses musiicens rend la critique unanime.

1966 - 1973 : les années de repli

A l'été 1966, alors au faîte de sa carrière, le chanteur est victime d'un accident de moto. Ses blessures sérieuses provoquent l'annulation d'une tournée, mais aussi une réflexion de Dylan vis-à-vis des medias. Il effectue une convalescence d'un an et demi et reprend une activité musicale avec The Band qui vient enregistrer les morceaux connus sous le nom de Basement Tapes, revisitant le patrimoine country-folk américain.

Fin 1967 sort John Wesley Harding, album dépouillé (avec « All Along the Watchtower », repris par Jimi Hendrix). Le suivant et très country Nashville Skyline comprend « Lay Lady Lay » et un duo avec Johnny Cash. En août 1969, Dylan se produit au festival de l'île de Wight (Angleterre) plutôt qu'à Woodstock, mais le double Self Portrait l'année suivante déçoit beaucoup. Il retourne en studio enregistrer l'apaisé New Morning (fin 1970), puis participe au Concert for the Bangladesh et au triple All Things Must Pass (1971) de George Harrison.

En 1973, il joue dans le western Pat Garrett & Billy the Kid, dont il compose la bande originale, dominée par le standard « Knockin' on Heaven's Door ». En fin d'année sort le médiocre Dylan (Fool Such As I Am), constitué de chutes de studio, puis Planet Waves (1974) enregistré avec The Band.

1974 - 1980 : retour de flamme

Dylan embarque dans une grande tournée américaine début 1974. Le résultat, Before the Flood, rassure ses fans. Il enchaîne avec l'enregistrement du magnifique Blood on the Tracks (1975). Il consacre ensuite un film à l'échec de sa relation conjugale dans Renaldo and Clara. Bob Dylan retrouve la scène à l'automne 1975 lors de la Rolling Thunder Revue, spectacle itinérant qui rassemble entre autres Joan Baez, Roger McGuinn, Allen Ginsberg, Joni Mitchell et Mick Ronson. L'album Hard Rain en témoigne. Enregistré avant, l'album Desire se classe parmi ses meilleures ventes. Fin 1976, Dylan est présent au concert d'adieu de The Band (The Last Waltz).

En juin 1978, le Dylan nouveau Street Legal fait part de sa conversion aux Born Again Christian. Après le double Live at Budokan, l'album Slow Train Coming (1979) reçoit le guitariste Mark Knopfler. « Gotta Serve Somebody » est couronné d'un Grammy Award et le reggae « Man Gave Names to All the Animals » est un hit. En revanche, le suivant Saved (1980) s'englue dans le gospel, quand Shot of Love (1981) clôture la trilogie chrétienne. Dylan retrouve sa verve avec Infidels (1983).

Années 1980 : un certain déclin

Les années 1980 sont les pires de la carrière de Dylan, avec une majorité d'albums bâclés et indignes : Real Live (1984), Empire Burlesque (1985) et sa production datée ; Knocked Out Loaded (1986), que rien ne peut sauver, et Down in the Groove (1988), voire pire encore, l'album live avec The Grateful Dead (Dylan & The Dead, 1989). Durant cette décennie maudite, Dylan s'est aussi converti mouvement Loubavitch.

1988 - 2007 : la renaissance

C'est en 1988 que le Never Ending Tour prend son élan, sillonnant le monde au rythme d'une centaine de concerts par an. Ce nouveau départ coïncide avec le projet spontané The Traveling Wilburys monté par George Harrison, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison (deux albums : Volume 1 et Volume 3), agréable récréation.

Dylan retrouve l'état de grâce sur Oh Mercy (1989), produit par Daniel Lanois. En revanche, Under the Red Sky (1990) rate le coche. En 1992, Good As I Been to You est une collection de reprises folk-blues, et World Gone Wrong l'année suivante, le présente seul avec sa guitare. Sortent alors l'album anniversaire de ses trente ans de carrière (30th Anniversary Concert) et un MTV Unplugged (1995).

En 1997, après les honneurs du pape Jean-Paul II en Italie et avant ceux de Bill Clinton à la Maison-Blanche, Dylan retrouve Daniel Lanois pour le très réussi Time Out of Mind, incluant le classique « Love Sick ». Les années qui suivent offrent d'autres preuves d'une inspiration toujours en éveil avec les albums Love and Theft (2001) et Modern Times (2006).

Il publie également ses Mémoires (Chronicles), et a entamé depuis 1991 un cycle d'albums rétrospectifs avec les Bootleg Series. Martin Scorsese lui consacre le documentaire No Direction Home, et Todd Haynes le film polyphonique, I'm Not There.

Copyright 2010 Music Story François Bellion